
Pas véritablement destinée aux nuls, mais plutôt aux amateurs de sensations, la française ne sadresse pas quaux riches non plus. Proposée à partir de 55 800 , elle affiche lun des tout meilleurs rapports prix/sensations du marché. Alors, tant pis si quelques regrettables détails de finition viennent ternir un charmant habitacle, à bord duquel on se verrait bien passer quelques années _Comptabilité, histoire, code de la route, informatique, économie tels sont quelques-uns des thèmes abordés par la collection de manuels Pour les Nuls, des ouvrages de vulgarisation édités depuis les années 1990, et censés informer et répondre aux questions d’utilisateurs peu expérimentés.Dans lunivers de lautomobile sportive à roues arrière motrices, cest Alpine qui endosse ce rôle. Elle nous apprend, parfait nos réflexes et répond à des questions de type comment glisser en sortie de courbe ? Car avec lA110, tout semble facile, tout paraît génial. quelques tours de piste suffisent à assimiler son mode demploi : flirter avec la limite dadhérence et lâcher les gaz. Mieux encore : charger le train avant en sollicitant les freins tardivement, lorsque la voiture est déjà en appui vers le virage suivant. À chaque fois, ça fonctionne. Lessieu arrière semble vouloir passer devant. Certes, bon nombre de sportives peuvent se targuer den faire autant. Mais le secret de la française tient dans sa facilité de prise en mains, et sa capacité à reprendre la barre.Avec seulement 252 ch, lAlpine pourrait se faire grignoter par des compactes sportives, voire par de lourdes berlines surpuissantes. Mais aucune dentre elles narrive à la cheville de lA110 au chapitre de lamusement. Pour afficher un tel caractère, la dieppoise sen remet à un gabarit de citadine (4,18 m), un poids limité (1 100 kg), obtenu grâce à sa structure en aluminium, qui contribue aussi à offrir une certaine longévité à ses étroits pneumatiques (235/40 R18 à larrière), même lorsquon les maltraite. Elle use également dune suspension (à double triangle sur chaque essieu) plutôt souple, qui génère un confort rare dans lunivers des sportives et permet denvisager un long week-end sans risquer le tassement de vertèbres.Derrière les sièges, elle abrite un petit 1.8 litre à quatre cylindres turbo qui na rien de prestigieux, mais qui se révèle mélodieux, peu avare en pétarades à la décélération, pétillant, plein comme un uf et toujours prêt à prendre de laltitude, jusquà lapproche des 7 000 tr/min. Pour le faire redescendre, il ny a quà mettre une pichenette dans la (trop petite) palette de droite, qui commande la transmission EDC7, exemplaire de douceur en mode normal, et génère des à-coups profitables aux sensations en conduite sportive, avec des temps de passages de rapports réduits à 260 millisecondes.Ainsi, même sans déconnecter totalement lantidérapage, ce qui risquerait de mener les nuls (dont je fais partie) à un tête-à-queue ou une sortie de piste, le mode Track de lA110 permet de glisser généreusement. Mais, comme la nounou qui vous surveillait du coin de lil, lAlpine vous rattrape juste avant que vous ne commettiez la bêtise : lorsque le train arrière séloigne trop, elle calme ses ardeurs et contient la dérive, sans la stopper. Un véritable régal, qui donne le sentiment dêtre un pilote, un vrai. Toutefois, certains reprocheront à cette sportive son extrême mobilité, surprenante pour une voiture moderne. Sa faculté à glisser sur les tracés sinueux ne sert pas, en effet, lefficacité. Mais à quoi bon être le plus rapide sur un tour de circuit, lorsquon est celui qui samuse le plus ? Pour ma part, je préfère un agrément de conduite enthousiasmant à une froide efficacité.